"Définition juridique:
> Conviction. Le mot vient de “convaincre” : c’est le sentiment intérieur, la certitude de la culpabilité ou de la non-culpabilité. On parle de “pièces à conviction”. La loi dit aux juges comment décider de la culpabilité ou de la non-culpabilité. Elle leur prescrit de s’interroger eux-mêmes, dans le silence et le recueillement, et de chercher dans la sincérité de leur conscience quelles impressions ont fait sur leur raison les preuves et les moyens de défense. La loi pose cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : “Avez-vous une intime conviction ?”(articles 353 et 427 du code de procédure pénale). L’article 302 du code de procédure pénale rappelle que “l’accusé est présumé innocent, et que le doute doit lui profiter”. Ces textes montrent le lien, en droit français, entre l’intime conviction et l’appréciation des preuves, pour déterminer s’il y a culpabilité.
> Intime. Qu’est-ce que l’intime ? Superlatif du mot latin interior, c’est le plus en dedans de nous-même, le plus secret.
Elle ne se résume pas à une impression, mais demande de passer au crible de la raison toutes les composantes du dossier, chaque élément de preuve, chaque moyen de défense. C’est une méthode de travail. Il ne peut s’agir d’impressions générales et rapides. Cela requiert une rigueur dans la réflexion, dans le raisonnement, une forme d’éthique et d’humilité devant la science, devant les paroles, avant de décider. C’est un travail de décision collégiale, qui demande du temps. Le caractère contradictoire et public de la procédure permet une élaboration de la conviction intime, où les impressions des uns et les raisonnements des autres aboutissent à un verdict, à un dire vrai humain du moment.
C’est pourquoi le principe de l’intime conviction dans l’acte de juger un passage à l’acte d’autrui, si différent de nous par cet acte, et si proche par sa personne, est un principe incontournable dans une société démocratique. La loi investit des hommes comme juges de leurs semblables, en leur laissant une liberté d’appréciation sur le fond. La pluralité des juges est un gage de contrôle des subjectivités, par une addition d’impressions différentes, de réflexions multiples. Il s’agit d’une exigence éthique qui doit mobiliser tout juge, tout juré, pour chaque acte jugeant autrui."
Extrait d'un article vu ici
Un jugement
Imaginez maintenant que vous êtes dans un tribunal. Le coupable c'est vous. Le juge aussi c'est vous. Vous êtes également l'accusateur et l'avocat. Un jury est là et chaque juré est une composante de vous-même.
Vous avez donc tout à la fois commis un crime ou en tout cas un acte répréhensible aux yeux de la société, vous vous accusez et vous vous défendez, vous êtes acteur et spectateur, et au final vous devez rendre un jugement sur vous-même et décider si oui ou non cet acte était répréhensible.
C'est là qu'intervient votre facette jury. Votre intime conviction. Vous connaissez la loi, mais vous savez aussi que cette même loi fait appel à votre conscience profonde, à votre sincérité et votre loyauté envers vous-même.
Votre intime conviction vous amène à remettre totalement à plat ce que pensiez être bien ou mal, les valeurs auxquelles vous adhériez et qui vous semblaient immuables. Parcequ'en face de vous il y a un être qui a agit de la seule manière qu'il pouvait au moment de le faire et qu'il ne pouvait en être autrement. Et que dans ces moments-là, ce ne sont pas les pensées ni les considérations qui nous poussent à agir, mais bien les instincts primaires. Dont le premier d'entre eux, le plus puissant: l'instinct de survie.
Votre intime conviction c'est comme une petite lueur dans l'obscurité profonde de votre dilemme intérieur. Au début elle est très faible vous en avez à peine conscience. Mais peu à peu elle s'intensifie à mesure que vous vous enfoncez dans les profondeurs de vos délibérations et de vos introspections. C'est d'ailleurs ce qui fait son paradoxe: on ne peut connaître son intime conviction si l'on n'a pas été dans le doute le plus total. On ne peut voir la faible lueur si l'on est pas dans une obscurité totale.
Mais lorsque vous avez pleinement conscience de votre intime conviction, que vous vous l'appropriez et la faites vivre, alors elle devient le faisceau lumineux qui balaie toutes les autres croyances et rend visible le chemin des possibles. Le chemin de l'espoir et de la vie.
Voila comment cette intime conviction qui vous a rendu à la vie, rejoint l'instinct qui vous a poussé à agir pour votre survie. Elle anoblie ce geste et le rend beau à défaut qu'il soit bon. Elle lui donne un sens alors qu'il était qualifié d'insensé, de déraisonnable. Elle le juge naturel donc humain alors qu'il était perçu comme contre-nature en violant les lois humaines.
Elle juge.
Votre intime conviction a fini par rendre son verdict: vous n'êtes pas coupable de la faute dont vous vous accusez.
Votre conscience, ce juge suprême, se rend à ce verdict: grâce à cet acquittement vous n'aurez plus l'esprit torturé, votre moi est réhabilité.
Vous pouvez vous reconstruire, guérir les blessures infligées à votre personnalité, ressentir, pensez et agir sereinement et en toute cohérence. Désormais, vous vous ferez confiance.
Vous en avez l'intime conviction.